Beaucoup en rêvent, et nous y sommes. Nous allons embarquer à bord du mythique Transsibérien à Moscou pour rejoindre Oulan Oude. En tout 5265 km à 60 km/h de moyenne, ce voyage est un aventure en elle-même. Mais avant tout, c’est surtout le moyen le plus économique pour nous de traverser la Russie, comme pour la majorité des Russes, quand on voyage en 3e classe. Nous ne savions pas trop à quoi nous attendre, ayant entendu tout et n’importe quoi à ce sujet. De la fête avec les Russes alcoolisés à la vodka à un trajet ennuyeux au possible, nous allons donc nous faire notre propre idée, même si, chacun vit cela de manière personnelle avant tout.

Après avoir fait nos petites courses afin de ne pas mourir de faim et avoir mangé notre sandwich sur le quai, nous embarquons à la gare de YAROSLAVSKAIA à Moscou à destination d’Iekaterinbourg dans le train 068 à 23h05. C’est parti pour 28h34 de train.

Train Moscou – Iekaterinbourg

Le train arrive en gare 30 min à l’avance et tout le monde s’y précipite. Nous nous dirigeons vers notre wagon, le n°08 et présentons notre passeport au contrôleur. J’avais imprimé les tickets mais ils s’en foutent. Par contre, gare à la faute de frappe dans votre numéro de passeport lors de la réservation en ligne, des personnes sont souvent refusées pour cette raison. Nous avons les banquettes 23 et 24, l’une en haut et l’autre en bas. J’avais réservé un wagon 3Э, ce qui signifie avec WC et la climatisation en 3e classe (pour réserver vos billets de train à bon prix, voir l’article à ce sujet). Nos draps de lits, couette et oreillers nous attendent sur notre banquette (j’avais coché cette option lors de la réservation), il ne reste plus qu’à s’installer. Nous rangeons nos sacs dans les emplacements prévus à cet effet. Les compartiments sont hyper bien agencé avec plein de rangements, c’est vraiment super. Je m’installe en bas et Sam en haut, nous faisons les lits et nous nous couchons car il est déjà tard.

Nous passons une assez bonne nuit malgré les mouvements du train et les différents passages et arrêts en gare. Seul petit hic, un Russe ayant abusé de la vodka ne sachant plus remonter dans son lit, a décidé de venir se coucher sur mon lit. Je ne vous explique pas la tête que j’ai fait en pleine nuit. J’ai crié mais Sam n’entendait rien avec ses boules Quies… J’ai finalement profité d’un moment où il était assis sur le bord de mon lit, légèrement déséquilibré par le train tournant, je lui ai donné le petit coup d’orteil qui l’a fait tomber. Un ami est ensuite venu le rechercher, il fallait bien que ça tombe sur moi encore…

La journée passe ensuite au rythme du roulement du train, en contemplant le mur infini de mélèzes et bouleaux par la fenêtre, un petit repas suivi d’une sieste ou de quelques pages de « Song of Ice and Fire » (SPOILER ALERT : ben oui, obligé de lire les livres maintenant vu la fin merd…. de cette fabuleuse série et comme on a un peu de temps devant nous…).

Dans l’après-midi, le jeune homme sur le lit du dessus en face de Sam est descendu boire un thé avec moi et la bonne surprise fut qu’il parlait parfaitement anglais ! Chose assez rare en Russie pour être notée. J’ai donc fait la connaissance d’Olig, un compositeur de musique fraichement diplômé qui rentrait chez lui à Perm. Il était très ouvert d’esprit et nous avons eu des conversations qui nous auraient valu un interrogatoire en bonne et due forme par le KGB à la sortie du train. Ce fut très intéressant d’avoir le point de vue d’une telle personne concernant la politique russe et leur manière de vivre, qui sont si peu exprimé hors de l’hermétique Russie de Poutine. Nous avons également parlé de la fantastique série Chernobyl et de voyages avant de lui dire adieu à Perm en fin de soirée.

La 2e nuit fut plus calme que a 1ère vu que personne n’a essayé de se glisser dans mon lit. Je me suis juste réveillée le lendemain matin avec une couverture que je n’avais pas la veille. La petite dame au couloir an face de nous me l’avait en fait mis pendant la nuit car elle a vu que je grelottais. C’est ça aussi la bienveillance et la gentillesse des Russes.

Iekaterinbourg

Nous arrivons en gare à 5h34 pile pour notre petite escale à Iekaterinbourg.
Après l’installation à notre hôtel, nous partons à la recherche d’un petit déjeuner digne de ce nom. Ce qui est sûr, c’est que nous n’avons pas été déçus ! Grâce à TripAdvisor, nous tombons sur le café « Engels ». Au menu, des gaufres salées et sucrées, des omelettes gourmandes et des pâtisseries appétissantes. Nous avons opté pour des gaufres au saumon et une omelette au lard accompagnés d’un jus d’orange frais et d’un expresso. Ce fut absolument délicieux.

Pour nous remettre de cet énorme brunch, nous partons à la découverte de la ville. L’office du tourisme d’Iekaterinbourg a bien travaillé car pour voir les principaux points d’intérêt de la ville, il suffit de suivre la ligne rouge ! Iekaterinbourg est bien moins impressionnante que Saint-Petersbourg ou Moscou mais cette promenade a eu le mérite de nous dégourdir les jambes après presque 2 jours de train. Nous avons terminé au Musée Boris Yeltsin qui fut très intéressant pour comprendre l’histoire politique de la Russie (même si encore une fois, il n’y avait quasiment rien en anglais…).

Le lendemain, nous nous sommes reposés avant d’aller de nouveau bruncher au café « Engels » où j’ai dégusté le meilleur œuf Benedict de ma vie !

Après cette petite pause sympathique et quelques courses, nous reprenons le train 070 pour Irkoutsk à 21h49.

Iekaterinbourg – Irkoutsk

Le train arrive en gare encore une fois 30 min à l’avance. Nous montons dans le wagon n°10 et nous installons sur nos banquettes 17 et 18, dans le sens de la marche cette fois-ci, en 3e classe (3Э) pour notre 1ère nuit.

Le programme de ces 2 journées ressemble étrangement à celui du trajet précédent. Les paysages varient peu entre mélèzes et bouleaux et le temps passe étrangement vite au fur et à mesure des changements de fuseaux horaires. Nous mangeons quand nous avons faim et dormons quand nous le souhaitons, peu importe l’heure, quel sentiment étrange…

Nous assistons également aux petites routines de nos compagnons de voyage entre leurs repas, jeux, chants et prières auxquelles j’ai été conviée car je tendais une oreille curieuse. Une dame m’a offert du gâteau, un autre m’a offert des cacahuètes puis un collier fait d’amandes, une autre m’a montré des photos de toute sa famille. Nous ne parlons pas la même langue, nous ne nous comprenons pas toujours mais ces gens sont d’une générosité et d’un gentillesse incroyable.

Les compagnons de voyages changent également entre ceux qui arrivent à bon port et ceux qui démarrent leurs trajets, les couchettes restent rarement longtemps inoccupées.

Ce long voyage suspendu dans le temps se termine à Irkoutsk après 3 jours de train.

Irkoutsk – Île d’Olkhon

Arrivée en gare à 6h22, encore parfaitement à l’heure. Nous prenons ensuite un bus pour le terminal de bus, en face duquel nous retrouvons le minibus pour l’île d’Olkhon (1000 roubles/pers par trajet). Il est 7h30 et celui-ci démarre à 8h. Je vais donc jusqu’au terminal pour acheter de l’eau et un petit bout à manger. C’est alors que je vis une scène surréaliste avec la dame de l’échoppe qui me mime le contenu des chaussons fourrés. Entre les « meuh » et les « cocoricos », nous éclatons derire alors que les passants nous dévisagent. Entre le décalage horaire et la fatigue, il m’a fallut 30min pour m’en remettre. Juste à temps pour le départ du minibus.

Nous n’avons pas vu passer les 6h de trajets entrecoupées de 2 pauses pipi et de la traversée en ferry tant nous avons dormi. Nous avons tout de même ouvert quelques fois les yeux pour profiter du magnifique paysage.

Nous arrivons à 14h à Khuzhir chez Nikita Benchavov. Nous organisons déjà notre retour avec le chauffeur du minibus, qui viendra nous chercher 4 jours plus tard, à 10h.

Nous prenons le temps de nous installer et de profiter d’une bonne douche avant d’aller manger un morceau au café de l’auberge, le « Bistrot français ». Nous craquons pour les Buuzy, raviolis/dims sums locaux.

Malheureusement, il pleut donc nous planifions notre séjour sur le lac Baïkal. Nous décidons de commencer par une excursion dans le nord de l’île le lendemain (1200 roubles/pers). Nous finissons la journée par le repas du soir dans la cafétaria de l’auberge avec les autres clients en demi-pension.

1er jour

Après une bonne nuit, nous allons prendre le petit-déjeuner dans la cafétéria puis le chauffeur vient nous chercher à 10h pour démarrer l’excursion. Ce que nous n’avions pas compris c’est que le chauffeur ne fait que de nous emmener d’un point A à un point B et il ne parle que russe donc il ne nous explique rien. Etant donné qu’il n’est pas possible de se déplacer autrement pour voir le nord, à moins d’avoir le temps (et le courage) de le faire à pieds ou à vélo, c’est mieux que rien car les paysages sont vraiment superbes. Le Baïkal s’étend à perte de vue. C’est quand même le plus grand lac au monde et le plus profond, qui représente à lui seul 20% des réserves d’eau douce de la planète !

Le trajet que nous avons fait est le suivant :

  • Kharantsy,
  • Dunes de Peschanaya,
  • Cap Khoboy,
  • Cap Left Shuntae,
  • Cap Sagan-Hushun.

Nous rentrons à l’auberge vers 17h et nous décidons d’aller jusqu’au rocher du Shaman, juste derrière l’auberge car il fait très beau et les prochains jours s’annoncent pluvieux.

Nous finissons par une petite promenade sur la grande plage de la baie de Saraiskii avant de rentrer à l’auberge pour le repas du soir.

2e jour

Comme annoncé, il drache ! Nous avons profité de cette journée « lazy » pour faire une grasse matinée puis nous avons organisé la suite de notre périple et appelé nos proches.

Pour finir cette journée, j’ai réservé un massage sibérien à 17h à l’auberge (2000 roubles pour 80min). Le moins que l’on puisse dire c’est que c’est une sacrée expérience ! Tout d’abord, pudiques s’abstenir. Mon corps n’a désormais plus aucun secret pour elle car elle m’a massé des oreilles jusqu’aux doigts de pieds, littéralement. De plus, j’étais tout simplement en culotte sans aucune couverture ou quoi que ce soit car il faisait tropical dans la pièce. Tout ça mis de côté, c’était absolument fabuleux, je me sentais comme saoule en sortant de là, tellement j’étais détendue. C’était sans doutes le meilleur massage de ma vie. J’ai rejoins Sam pour le repas du soir, puis je me suis endormie comme un bébé.

3e jour

C’est plein de bonnes intentions et d’espoir que nous sommes levés. Nous avions prévu d’aller faire le boucle d’un dizaine de km dans les bois près de Khuzhir. Il pleuvait légèrement mais nous nous sommes équipés correctement (“il n’y a pas de mauvais temps, que des mauvais équipements” comme dirait Hélène). Mais cette  saleté de pluie nous a encore gâché la journée car le sentier était fermé, impraticable suite à la pluie tombée les jours précédent. C’est déçus que nous sommes rentrés à l’auberge après avoir fait un tour dans le village. Nous sommes allés nous réconforter, encore un fois, au « Bistrot français » (leur soupe de brocolis est une tuerie !).

Après tout ça, nous nous sommes posés avant d’aller affronter le froid et la pluie pour notre séance de « Banya » à 16h. Le « Banya » est un sauna en bois, chauffé au bois également, placé près d’un lac. Le but du jeu est de faire un aller-retour lac-Banya toutes les 15 min. Sachant que le gradient de température est 110°C à l’intérieur du « Banya » – 12°C dehors – 4°C dans le lac, je ne me réjouis pas trop.

Personnellement, je n’ai survécu qu’à un aller-retour, et encore, en trempant mes pieds. Sam, quant à lui, a été beaucoup plus courageux et a sauté tête la première dans le lac.

Après cette expérience insolite, nous sommes retournés à l’auberge pour une bonne douche et un bon repas avant de nous coucher. Soirée encore une fois très « lazy » sur cette île.

Île d’Olkhon – Irkoutsk

Dernier petit déjeuner chez Nikita (les crêpes et les pains perdus vont nous manquer) et petit expresso – jus d’orange frais au « Bistrot français » (ça aussi, ça va nous manquer) avant de prendre le bus qui vient nous chercher à 10h.

Et comble du comble, il fait super beau ! Nous n’auront vraiment pas eu de chance avec le temps sur cette île, sachant qu’Olkhon signifie « sec » et qu’il n’y pleut presque jamais ! Mais bon, ça nous aura permis de recharger les batteries. De plus, nous avons pu profiter à fond des beaux paysages du sud de l’île de la fenêtre du bus et du ferry.

Arrivée à Irkoutsk vers 17h. Nous prenons un bus qui nous dépose près de notre hostel et nous nous installons.

Sam a repéré qu’il y avait un bar-restaurant ouvert par un Belge à Irkoutsk et voulait absolument y aller. C’est donc au BBB, entendez le Belge Benoit Brasserie que nous avons passé la soirée. Au menu, bière belges, burgers frites et rencontres francophones. Nous nous sommes régalés et avons passé une super soirée.

Irkoutsk – Oulan Oude

Aujourd’hui, nous concluons l’aventure transsibérienne par cette courte portion dans le train n°150 longeant le lac Baïkal. Nous avions acheté le petit déjeuner (de luxe) dans la partie boulangerie du BBB pour fêter ça. Nous avons choisi de faire ce trajet de jour pour la vue sur le lac mais il pleut et j’ai réservé les sièges (en classe 3C, donc assis) du mauvais côté (#FAIL). J’exagère, car nous avons quand même pus profiter du paysage. Pour ne pas faire la même erreur que moi, sachez que les sièges 39 et 40 sont du mauvais côté donc.

Nous arrivons très tardivement à Oulan Oude (22h30) mais j’avais réservé un hostel très près de la gare, juste de l’autre coté de la passerelle.

Nous avons été au supermarché à côté de l’hostel chercher de quoi grignoter avant d’aller nous coucher.

Oulan Oude

Notre mission du jour est d’aller chercher les billets de bus pour Oulan Bator, que j’avais réservé au préalable sur le site de l’UU hostel (Travelers Hostel).

Les billets en poche, nous sommes partis explorer la ville. Nous avons commencé par la célèbre place avec la grosse tête de Lénine. Puis nous avons redescendu l’artère principale en passant par le théâtre jusqu’à l’église, avant de se poser pour manger des Buuzy chez « Shenekhenskiye Buuzy », une institution à Oulan Oude. Puis nous avons pris un petit café au mignon « Macondo Coffee and Store ».

Nous avons remonté ensuite l’artère pour prendre le minibus n°97 (20 roubles/personne) en face de l’hôtel Baïkal Plaza qui nous emmène au temple « Datsan Rinpotche Bagda » sur les hauteurs de la ville. Ce temple est vraiment très joli et permet d’avoir un beau panorama sur la ville. Nous avons croisé 4 couples de mariés, apparemment, c’est « The place to be » pour les photos de mariage !

Par contre l’orage gronde au loin donc nous ne nous attardons pas trop avant de retourner à notre hostel.

Comme le temps en Sibérie change d’une minute à l’autre ! Nous avions un grand soleil ce matin, puis l’orage est arrivé accompagné d’énormes grêlons et puis il pleuvine ; « 4 saisons en une journée » dit l’adage.

Pour notre dernière soirée en Russie, nous nous sommes fait plaisir ! A côté de notre hostel, se trouve le très chic « Merguen Bator Hotel » dont l’attrait principal est le « Bar 12 » situé au 12e étage. Son petit plus ? Il effectue une rotation de 360° en 30min ! A part ça, c’est aussi un excellent bar à cocktail et vu qu’il faut qu’on liquide nos roubles, on ne s’est pas privés ! Au menu : Pina Colada et Negroni, suivis d’un burger pour Sam et d’une salade aux magrets de canard pour moi et ponctués d’un petit dessert local au miel de pin pour Sam et aux baies d’argousier pour moi.

Une bien belle manière de clôturer cette super entrée en matière qu’était la Russie.

Demain nous prenons le bus pour Oulan Bator et l’aventure se poursuit en Mongolie !